Parmi les découvertes artisanales de l'île, j'ai envie de vous parler aujourd'hui du Bakoua (ou "bakwa")... Le bakoua, c'est à la fois un arbre, et un chapeau incontournable ici! C'est le chapeau que porte traditionnellement les pêcheurs, les ouvriers agricoles, toutes les personnes travaillant sous le feu du soleil. Il a une forme particulière, très allongée :

Ce chapeau porte le nom de bakoua, comme l'arbre avec les feuilles duquel il est fabriqué... Enfin, son vrai nom est le "Pandanus", arbre particulier reconnaissable avec ses racines qui partent du tronc pour aller chercher la terre, et ses gros fruits. On en voit assez couramment, et notamment au jardin de Balata :

Lors des journées du patrimoine (en septembre 2018), j'ai eu la chance de pouvoir participer à un atelier de tressage de bakoua au sein de l'habitation Clément, avec Sandra, qui est créatrice et tient une boutique-atelier.

Pour travailler le bakoua, il faut s'armer de patience : d'abord choisir les feuilles et les cueillir au bon moment ; les faire sécher ; enlever sur les bords des feuilles les épines qui les tapissent (aïe aïe aïe, ça fait mal!!) ; assouplir la feuille avec un couteau plat (dur pour les mains quand on n'a pas l'habitude) ; découper en fines lanières ; et enfin tresser!!! Je vous rassure pour l'atelier-découverte, on a fait juste les dernières étapes : assouplir/découper/tresser. Les artisans passent des heures à tresser des mètres de bakoua, afin d'en faire ensuite des chapeaux, des objets (voir ci-dessous sur la table les "rouleaux" de tresses)...

Il existe plusieurs types de tressage, qui donne un rendu différent. Pour ma part j'ai seulement expérimenté le tressage à 5 brins :

C'est à partir de ces brins tressés que l'artisan donne naissance à un produit de sa création... On trouve essentiellement des chapeaux, mais aussi des bijoux, ceintures, poupées... C'était très intéressant de découvrir comment d'une feuille on arrive à un chapeau, néanmoins je n'irai pas plus loin que l'atelier-découverte, cela demande beaucoup de technique et de temps (je laisse cela aux artisans de la région!). Je me suis quand même fait plaisir en achetant chez Sandra, dans sa boutique-atelier, un chapeau en bakoua sur mesure, avec les petites boucles d'oreilles assorties!!

Donc si vous venez en Martinique, n'oubliez pas de ramener un petit quelque-chose en bakoua en souvenir!

( Allez voir par Là )

16/12/2018

Je vous ai déjà parlé sur le blog d'un personnage emblématique de l'île : Mr Aimé Césaire. On peut déjà visiter son bureau, situé dans l'ancien hôtel de ville. Pour approcher un peu plus l'intimité de ce poète, une fondation a été créée pour restaurer et transformer en musée sa maison d'habitation. Des fonds ont notamment été collectés durant le "Loto du patrimoine" en septembre dernier... En attendant les travaux prévus l'année prochaine, la maison est ouverte actuellement au public tous les week-ends pour visite. Nous en avons donc profité dimanche dernier pour visiter le lieu, avant sa transformation! Il faut dire que nous passons tous les jours devant cette maison pour aller à l'école...

Alors c'est vrai qu'il ne faut pas s'attendre à un château, Mr Césaire était un homme simple... Tout l'attrait de la visite est de rentrer dans son monde. Nous avons eu la chance d'être guidés pendant la visite par sa gouvernante Clémence, qui a vécu auprès d'Aimé Césaire une vingtaine d'années. 

On passe successivement dans les différentes pièces de la maison : le petit coin salon, fonctionnel, où on retrouve une grande bibliothèque, et un poste de télévision (que Mr Césaire écoutait seulement, il n'aimait pas les images) ; sa chambre-bureau (la pièce étant séparée par l'armoire), avec encore des livres sur le lit (Mr Césaire dormait peu et lisait beaucoup) ; la terrasse extérieure, sur le mur de laquelle a été apposé un extrait du recueil "Moi, laminaire...", et où une enceinte nous permet d'entendre la voix d'Aimé Césaire sur une lecture de poème ; le salon, où il prenait ses repas ; les autres chambres, dont l'une a été transformée en bibliothèque (les livres ont une grande importance dans la vie de Mr Césaire).

Il reste encore le grand jardin, qui auparavant renfermait de nombreux arbres fruitiers et un jardin créole traditionnel, non accessible tant qu'il n'est pas réhabilité. Cette visite très intéressante nous a permis de comprendre quel travailleur, quel grand lecteur, et quel penseur était Aimé Césaire, qui est néanmoins toujours resté simple dans sa façon de vivre. Et d'entendre quelques anecdotes de sa vie, de ses échanges avec d'autres poètes (notamment René Depestre, Louis Aragon).

Les enfants se sont vus offrir un parchemin avec un poème d'Aimé Césaire...

16/09/2018

Je vais vous présenter aujourd'hui une habitation que nous avons visité lors des journées du patrimoine (en septembre donc!) : il s'agit de l'habitation la Sucrerie, aux Anses-d'Arlet (sud-ouest de l'île), qui n'est accessible au public que durant cette manifestation annuelle.

Cette habitation, construite à la fin du 18ème siècle, est propriété de la famille Hayot (qui possède notamment l'Habitation Clément), et elle habituellement habitée. Elle a été restaurée entre 2004 et 2007. La maison de maître a la particularité de se trouver en haut d'un morne (on a dû grimper sur un chemin rendu boueux par la pluie pour y accéder!) :

La maison de maître de l'habitation la Sucrerie a été joliment restaurée, l'intérieur est très cosy, en gardant l'esprit d'antan.

On retrouve sur le côté de la maison le stockage de l'eau sous forme de jarres (comme à l'habitation Depaz) :

A côté de la maison de maître on retrouve les cases (aménagées comme annexe de la maison), l'occasion de voir des techniques de construction, notamment le tressage de bois (murs).

Bon il est temps de quitter la maison de maître, et de redescendre de notre promontoire... En bas de l'habitation, on retrouve quelques vestiges industriels, rappel de l'histoire sucrière de l'habitation.

Voilà pour la visite de cette habitation, qui nous a fait rêver d'habiter dans un lieu si joli... 

14/08/2018

Et oui je n'ai toujours pas fini de vous parler des différents lieux que nous avons visités durant les vacances scolaires en juillet/août ! Aujourd'hui direction Sainte-Marie, côté Atlantique donc, où avant d'aller visiter le Musée de la banane, nous avions fait un petit tour dans le Train des Plantations!!

La gare du Train des plantations se trouve au niveau de la distillerie St James, et de son musée du Rhum (dont je vous en parlerai dans un autre article).

Ce train a été mis en place grâce à des bénévoles qui ont monté une association "Les rails de la canne à sucre" en 1997. La locomotive a été récupérée au fond d'une rivière et restaurée : c'est le seul train ferroviaire restant sur l'île ! Pour partir en excursion, j'achète nos billets au comptoir de la distillerie St James...

Une voie unique a été restaurée : le train nous emmène donc à travers les champs de canne, jusqu'à proximité du musée de la banane (mais on ne peut pas descendre!!), soit environ 3km, puis on repart dans l'autre sens... Une guide est là pour commenter le trajet.

Il faut savoir qu'auparavant on trouvait un réseau ferroviaire assez important en Martinique, mais pour le transport des matières premières uniquement (canne à sucre essentiellement). On peut d'ailleurs voir à différents endroits de l'île des vestiges de voie ferrée (nous en avons vu sur l'îlet Ste-Marie, dans la forêt au Lorrain...) ou des locomotives en exposition (à l'entrée de certaines habitations par exemple). Ce train restauré est donc le dernier survivant ferroviaire ici, et le seul à transporter des passagers!! C'est toujours un émerveillement pour les enfants de pouvoir voyager dans un petit train, surtout lorsqu'il faut traverser une route sans barrières (à coup de sirènes, et du drapeau rouge brandi par la guide pour arrêter les voitures). On passe aussi au-dessus de petites rivières, donc sur des petits ponts :

Sur le trajet du retour, le train s'arrête tous les quelques mètres pour que la guide nous présente les plantes et arbres présents en bord de voie ferrée : manguier, avocatier, prune Mombin, cannelier, carambolier... On se rend compte que l'on commence à connaître pas mal de variétés végétales d'ici!! Déjà c'est la fin de la balade, le train arrive à son terminus... Bravo aux bénévoles en tout cas qui ont remis en marche cette locomotive, et remonté les rails sur plusieurs kilomètres ! Pour nous la matinée se poursuivra ensuite par la visite du musée du rhum au même endroit...

22/08/2018

La rentrée est passée, les vacances ne sont plus qu'un souvenir... il est donc largement temps pour moi de finir de vous présenter les lieux visités lors de nos quelques jours de vacances dans le nord de l'île! Aujourd'hui, je vous emmène à l'Habitation Céron, située entre Le Prêcheur et l'Anse Couleuvre : un havre de paix en pleine nature!

L'Habitation Céron est une propriété privée, que les occupants essaient depuis quelques années de restaurer, et de faire découvrir au public à travers son jardin, et son restaurant notamment. La visite se fait tranquillement dans le grand parc. On commence en longeant la rue "Case-nègre", avec ses cases restaurées qui accueillent la boutique et le restaurant. On accède assez rapidement aux ruines de l'ancienne sucrerie (qui n'est pas encore réhabilitée) :

La balade se poursuit dans le jardin, avec un des éléments clés de l'Habitation : son arbre remarquable (c'est d'ailleurs l'emblème de l'habitation)... Car ici se trouve un arbre exceptionnel, élu "arbre de l'année" en 2016 pour la France, et arrivé 4ème du plus bel arbre européen en 2017  : un Zamana gigantesque !

Ce Zamana, utilisé autrefois pour protéger les plantations de caféiers et de cacaotiers, aurait plusieurs siècles, et a donc résisté à plusieurs tempêtes... Son envergure est impressionnante, puisque son feuillage ferait un ombrage de plus de 5000 m2 (un terrain de foot!), avec des branches jusqu'à 80m de long... C'est impossible de décrire la sensation quand vous êtes en dessous, vous semblez minuscule! On est resté un petit moment à tourner autour du Zamana (son tronc fait quand même 2.5 mètres de diamètre!), impressionnés. (essayez de nous trouver sur les photos ci-dessous...)

On continue ensuite notre promenade dans le parc de l'Habitation, au milieu de la végétation tropicale, et le long d'une rivière.

Après cette balade apaisante, retour au niveau des cases, l'occasion pour nous de déguster un apéritif au bord de la rivière...

On clôturera cette visite très zen par un repas au restaurant de l'Habitation, qui utilise des produits récoltés sur place, ou localement... Un délice! Bref vous l'aurez compris, on a adoré notre petite escale détente-nature au sein de l'Habitation Céron ! Direction ensuite la plage de l'anse Céron (à côté) pour la pause baignade (ça, c'est pour un autre article...).