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Par Belody le 14 Novembre 2018 à 15:50
Dimanche, comme tout le sait, était le jour du centenaire de l'armistice de la première guerre mondiale, commémoration qui avait aussi lieu en Martinique, et c'est donc l'occasion pour moi de vous parler de cette guerre vue d'ici. On peut voir en ce moment sur les grilles de la préfecture de Fort-de-France une exposition-photos "la Martinique de 1914 à 1918" :
Il faut savoir que presque 2000 martiniquais sont "morts pour la France" lors de la guerre 14-18. J'ai vu hier un très beau documentaire sur France Ô, écrit par l'auteur Daniel Picouly ("Jean Jules Joseph, un soldat créole"), qui raconte justement l'histoire de son grand-père martiniquais parti à la guerre (le replay, c'est ICI), et qui donne des informations sur cette période.
Tout d'abord, il faut savoir que lors de la guerre de 14-18, c'est la première fois que les populations des anciennes colonies étaient recensées et appelées pour la guerre. Mais le recrutement en Martinique n'était pas aisé (beaucoup d'hommes étaient révoqués), car il y avait un fort besoin de main d'œuvre dans les usines de sucre et de rhum (dont la production était en forte expansion du fait de la guerre). Les recrues étaient envoyées au camp de Balata (camp militaire situé un peu après le jardin de Balata) pour y apprendre les rudiments de soldat. Ensuite les troupes descendaient vers le Fort St-Louis pour y prendre le bateau.
Après 12 jours de traversée, les hommes martiniquais étaient séparés et se trouvaient dans des régiments différents (il n'y avait pas de contingent propre aux Antilles, contrairement aux tirailleurs sénégalais, ou aux spahis algériens par exemple). Ils se retrouvaient donc dispersés dans différentes unités. La suite, et bien c'est la guerre, et ses nombreuses victimes (sur le front des combats, ou à cause des maladies). Sur près de 9000 hommes partis de Martinique, 1/5ème meurent donc à la guerre. Seront érigés ensuite, en Martinique comme en métropole, des monuments aux morts dans les différentes villes de l'île. C'est devant celui de Fort-de-France que nous avons assisté à la commémoration ce dimanche 11 novembre. Une nouvelle plaque commémorative a été inaugurée, sur laquelle les noms de 42 soldats martiniquais tués pendant la guerre, "oubliés", ont été ajoutés dans la liste des morts.
Une commémoration en présence de représentants des forces armées des Antilles (les marins notamment ;-) ), des différents officiels, et d'anciens combattants martiniquais.
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Par Belody le 9 Mai 2018 à 03:34
Le 8 Mai est une date particulière pour les martiniquais... Alors bien sûr il y a ici les commémorations pour le 8 mai 1945, mais ce n'est pas de cela dont je parle : c'est de la catastrophe naturelle et humaine qui a eu lieu le 8 mai 1902, à savoir l'éruption de la montage Pelée, qui a détruit la ville de St Pierre.
Cette éruption a fait 30 000 morts : la ville de St Pierre n'avait pas été évacuée malgré les nombreux phénomènes annonciateurs depuis janvier 1902 (cendres, coulées, odeurs de soufre...), tout cela car des élections devaient avoir lieu ce jour-là ! Nous sommes donc venus à St Pierre aujourd'hui, visiter le musée Franck Perret qui regroupe quelques vestiges retrouvés dans les cendres après, et les photos de l'époque (avant-après). Nous voulions parcourir les ruines (un certain nombre ont pu être gardées), mais trop de pluie aujourd'hui, nous reviendrons... Nous avons plutôt visité le Centre de Découverte des Sciences de la Terre, avec son exposition sur les volcans, et plus particulièrement sur l'éruption du 8 mai. Voici le panneau expliquant les derniers jours avant l'éruption :
Voilà comment ce jeudi 8 mai 1902 (jour de l'Ascension) une nuée ardente a tué des milliers de personnes en quelques minutes, et détruit entièrement la capitale de la Martinique, y compris les bateaux qui mouillaient dans sa rade. Cette journée reste un moment-clé dans l'histoire de l'île.
2 commentaires -
Par Belody le 2 Novembre 2017 à 13:54
Dans les moments importants de l'année pour les martiniquais se placent la période actuelle de la Toussaint. D'ailleurs ici, ce sont deux jours qui sont fériés, le 1er et le 2 novembre, correspondant à la Toussaint et au jour des Défunts.
Tout commence quelques jours avant le 1er Novembre, les cimetières se remplissent pour le grand nettoyage : chacun vient entretenir la (les) tombe(s) familiale(s), à coup de brosses, et de peinture (ce travail peut se faire aussi par des jeunes qui offrent leur service devant le cimetière pour une petite rémunération). Il faut savoir qu'ici la couleur des cimetières est le blanc : tombe, caveau, stèle, tout est peint en blanc (la couleur du deuil en Afrique est le blanc, et la culture africaine est partie prenante de la culture martiniquaise).
Cimetière de Grand-Rivière
Le jour de la Toussaint, le 1er novembre, les familles (pratiquantes) assistent à la messe. Mais c'est au moment de la tombée de la nuit que les familles se rejoignent au cimetière pour célébrer leurs morts. Chacun dépose des bougies sur les tombes, illuminant ainsi le cimetière (les supermarchés proposent des rayons entiers de bougies en pot de verre).
Cette période est finalement un moment de retrouvailles familiales. Cela se passe plutôt dans une relative gaieté. D'ailleurs ici la célébration de la mort ne se vit pas comme en métropole : par exemple lors d'un décès, la veillée funèbre est le plus souvent accompagnée de chants et de tambours.
Je vous invite à aller lire le témoignage de Prisca, qui tient le blog "Ma cuisine créole" (que j'adore), sur son souvenir des fêtes de la Toussaint : Ici.
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Par Belody le 22 Mai 2017 à 23:34
Le 22 mai correspond au jour commémoratif de l'abolition de l'esclavage en Martinique. A cette date, en 1848, une révolte éclate dans la ville de St Pierre (faisant suite à plusieurs soulèvements d'esclaves dans d'autres villes), les esclaves étant exaspérés par l'attente du décret d'abolition signé le 27 avril 1848 en métropole, et qui met du temps à arriver sur l'île... Ce décret d'abolition de l'esclavage pour toutes les colonies est signé par Victor Schoelcher, qui reste par là une figure emblématique ici (on trouve la ville de "Schoelcher", et de nombreux monuments ou rues portent son nom).
Ce jour du 22 mai est considéré comme jour férié depuis 1984 (sous François Mitterrand). En fait chaque ancienne colonie a un jour de commémoration (férié) propre : par exemple, le 27 mai en Guadeloupe, ou le 10 juin en Guyane. Aujourd'hui donc est férié en Martinique, pas d'école, pas de travail !! De nombreuses manifestations étaient prévues par ci par là dans l'île.
Je vous l'ai déjà évoqué dans plusieurs de mes articles, l'esclavagisme reste un sujet sensible ici, et il fait partie intégrante du peuple martiniquais, de son histoire, de sa culture. L'esclavage se développe en Martinique à partir des années 1670, pour permettre d'accroître la culture de la canne à sucre (qui nécessite beaucoup de main d'œuvre). C'est lui qui a modelé la population martiniquaise actuelle.
Différents monuments sont érigés dans toute l'île pour commémorer l'abolition de l'esclavage (parmi lesquels le mémorial Cap 110 dont je vous ai déjà parlé). En voici quelques uns (liste non exhaustive !!!) :
> Sculpture de Hector Charpentier à Le Prêcheur
> Monument du centenaire de l'abolition, à Schoelcher
> Statue du Neg Marron au Diamant
> Statue Neg Mawon au Lamentin
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